Texte de Pierre CABANNE - Historien d’art et critique
Revue « Elle » en 1985
Plein soleil
La Camargue, le matin sur les étangs, à midi ou sous le « rayon vert », aux approches du soir. La mer, les bancs de sable, les rochers des Baux, déchiquetés et blanchâtres sur un ciel de marbre bleu, le mistral dans les pins transformés en torches grésillantes par l’incendie, les taureaux dans les salicornes, ces peintures, gouaches et lavis illustrent l’univers solaire de Sarthou le méditerranéen. Il ne peint que ce qu’il connaît bien, s’accoutumant lentement, par approches successives, à la lumière et aux paysages nouveaux comme la mer de Béring qu’il a survolée et peinte en vue plongeante. Il aime d’ailleurs ce procédé, représente les choses d’en haut, sans doute parce qu’il habite au dessus de la Méditerranée, et situe parfois la ligne d'horizon au trois-quarts de la toile, ce qui lui permet d’avoir peu de ciel, réduit à une bande claire, et une vaste étendue de sable, d’herbes ou d’eau au premier plan. Sarthou aime la couleur et la vie. Il les confond dans une même richesse de rapports et de résonances dans la lumière ; pour ne pas être aveuglé ou troublé, et ne pas surcharger, il peint à l’atelier d’après études ou croquis. Sa mémoire est comme son œil, sélective et éblouie.