Dictionnaire des peintres

 

Lydia Harambourg

 

L’ECOLE DE PARIS

  1945 -1965

 

Editions IDES ET CALENDES (1993)                                                                              

                                                                                      

Texte sur SARTHOU Maurice- Elie : pages 426 et 427 (reproduction en couleur : Incendie dans les Alpilles n°1, 1963 ; H = 130 cm ; L = 162 cm ; signée en bas à droite ; Musée Paul Valéry à Sète)                                                                                                                                                                       

                                                                                                                                                                                                                    

Extraits

     

         D’origine languedocienne, descendant de huguenots, Sarthou n’a eu de cesse de cultiver cette exigence envers son art comme envers lui- même. Dans le renouveau pictural qui suit la guerre, Waldemar George a parfaitement défini l’engagement de l’artiste lorsqu’il écrit : « Sarthou évolue à la limite exacte d’un art qualifié de non figuratif… C’est en thaumaturge qu’il subjugue les puissances supérieures ou se les concilie… Il dépasse l’art abstrait et parvient à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » (« Sarthou et le Démon du Sud » in « Prisme des Arts » 1957).

 

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         1950 il s’installe à Paris après avoir obtenu un poste de professeur de dessin au lycée Henri IV, qu’il abandonnera en 1958. L’Etat lui fait son premier achat : L’écaillère  exposée au Salon de Mai (Musée de Bordeaux). Le dimanche matin, il retrouve Maurice Toesca, qui écrira la première monographie sur Sarthou en 1957 (Ed. P. Cailler), Jean Paulhan, pour jouer aux boules aux Arènes de Lutèce autour de Jérôme Lindon, Yves Berger, Claude Simon et André Bay. En 1951 au vernissage du Salon de Mai il a envoyé Le saut en hauteur, il fait la connaissance de François Desnoyer qui deviendra un fidèle ami.

 

         C’est en 1952 qu’il renoue avec les paysages de son enfance dont il a gardé de fortes impressions.*** Il reprend les thèmes des Pins, des Taureaux, des Carrières et des Rochers des Baux. 1953 sélectionné pour le Prix Buhrle, il expose à la galerie Kaganovitch, obtient le second prix et sa toile est achetée par le grand collectionneur suisse. Cette récompense est suivie en 1954 par le deuxième Prix du Dôme décerné par un jury composé uniquement de peintres : Jacques Villon, Singier, Chastel, Pignon, Lhote, Desnoyer… et en 1955 par le Prix de la Critique. Cette année a lieu sa première exposition particulière galerie Marcel Guiot à laquelle il restera fidèle et qui présentera ses expositions parisiennes en exclusivité jusqu’à aujourd’hui. Ce premier ensemble centré sur la Camargue est préfacé par Franck Elgar.                        

 

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         Sarthou ne peint pas sur nature mais prend de nombreuses notes aquarellées, des esquisses colorées dans lesquelles il capte l’émotion visuelle première, qu’il utilisera ensuite à l’atelier. En 1957 entreprend le thème des Pins ; une toile sur ce sujet Les grands pins lui vaut le premier prix de la Ville de Menton à la Biennale. *** 

 

         Depuis 1951 il est sollicité pour des expositions de groupe et les Salons : 1951 la galerie du Point du Jour ouvre avec une exposition collective Sarthou se retrouve avec Utrillo, Marquet, Brianchon… ; il y revient en 1952 pour une exposition de gouaches avec « Léger, Pignon, Singier, Marzelle, Dayez, Burtin ». 1953 "L'Enfance" galerie Saint-Placide. 1954 « Fulcrand, Lombard, Marzelle, Sarthou » galerie Saint-Placide ; « Maîtres de l’Ecole de Paris » Metz. La ville de Paris achète La fenêtre ouverte qui figure au Salon de Mai de cette année-là. 1955 « Peintres d’aujourd’hui » Turin, et IXème Prix Lissone ; exposition des sélectionnés du Prix de la Critique, galerie Saint-Placide.    

    

         Ses participations aux manifestations artistiques se multiplient tant en France qu’à l’étranger. A Paris, il est invité à « l’Ecole de Paris » organisée par R. Nacenta à la galerie Charpentier en 1955 avec Taureaux en Camargue ; 1956 Soir au Vaccarès ; 1957 sa toile Carrière aux Baux, sera prêtée par la galerie Guiot pour une exposition d’Art français au Japon en 1959 ; 1958 Les soleils et 1963 Racines échouées. A partir de 1956 expose aux Peintres Témoins de leur Temps avec un premier envoi : Portrait d’André Chamson, ce tableau figurera en 1963 à l’exposition « Portraits au XXème siècle » aux Musées de Düsseldorf et Berlin ; en 1959 Aéroport d'Orly est acquis par la ville de Paris. 1956 « La Partie de campagne » galerie du Cercle Paris avec Dufy, Desnoyer, Pignon, Ravel, Marzelle ;

 

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         En 1961 Jean-Albert Cartier organise une exposition « Dix peintres autour de Jacques Villon » au Palais de la Méditerranée à Nice. Dans le catalogue, chaque peintre est présenté par un écrivain. Jean Paulhan écrit le texte pour son ami Sarthou dont il souligne le caractère synthétique de la peinture : «Que Sarthou nous montre les taureaux de la Camargue, la boue des étangs, l’or noir des pins, notre délectation a deux faces. Sur la première face cette bonne odeur d’arbre, de sel et de marécage. Mais sur la seconde, qui est plutôt abstraite, l’espace illimité, la couleur sans mesure, l’ombre brassée à la hâte. Or de ces deux faces, Sarthou pour notre plaisir sait faire un seul objet.» ***

      

         En 1962, sixième exposition galerie Guiot avec un catalogue préfacé par Pierre Cabanne. Thème, les étangs de Camargue, préparés par une série d'études dont une toile importante Le dernier rayon a figuré au dernier Salon de Mai et a été acquise par le Musée du Luxembourg. Jacques Villon, bien que très fatigué mais toujours fidèle depuis 1955, l'honore  d'une dernière visite. 1963 à la demande de L. Fontanarosa, Sarthou fait une exposition rétrospective à l'Ecole Polytechnique. Travaille à un nouveau thème : L'incendie dans les Alpilles, période rouge inspirée par l'impressionnant spectacle de feux dans sa région. A la suite d'un voyage en Iran, et en Grèce, sa palette ajoute des harmonies bleues. A Athènes il a appris la mort de Jacques Villon, et à son retour participe à un hommage à la Mairie de Puteaux. C'est à cette époque que le Dr Ménétrier regroupe des peintres de mêmes affinités : Charlot, Hilaire, Marzelle, Mouly, Ravel, Sarthou et Schurr qui figurent dans le livre de Gisèle d'Assailly "Paroles en couleurs" (Julliard). 1964 exposition d'aquarelles sur le thème des paysages calcaires et des incendies galerie Guiot.

 

         Sarthou prend une part de plus en plus active dans la vie artistique. Expositions à Genève galerie Léandro 1961 et 1966, à Luxembourg, galerie Paul Bruck 1964, à Caracas galerie Marcos Castillos 1966 et en province les manifestations se multiplient. Expose à Houston en 1969 et 1971 et à New York en 1974. A Paris, chez Guiot en 1966 les Quatre éléments (thème développé durant l'été 1965, à partir d'études de rythmes provoqués par le vent dans les pins), en 1969, 1973, 1974, 1977, 1979, 1985. A partir de 1987 expose à la galerie Chardin.

 

         A participé au Salon d'Automne (membre du Comité en 1964 à la demande de Charlot). Grands et Jeunes d'aujourd'hui à partir de 1964. Biennale de Menton en 1955, 1957, 1964.

 

         A régulièrement édité des lithographies qui ont contribué à faire connaître son art auprès d'un plus large public : ainsi le Port pétrolier de 1957 vite épuisé. En 1962 illustre à la demande de l'éditeur Jacques Vialetay "Lou Biou – le taureau" de Folco de Baroncelli-Javon (texte en provençal) avec une préface d'André Chamson. 18 lithographies couleurs réalisées chez Ravel lithographe sont exposées chez Spinazolla à Aix en Provence. Le livre qui paraît en 1963 est sélectionné parmi les cinquante meilleurs livres de l'année (Musée de Sète). Pour le même éditeur illustre en 1965 "Regards sur la mer" de Paul Valéry, 18 lithographies (Mourlot). En 1966-1967 c'est le "Bateau ivre" de Rimbaud avec 25 lithographies. En 1962 il exécute à Reims dans l'atelier du maître verrier Simon, deux vitraux pour l'église de Bouchevilliers.

 

         Avec le Musée de Montpellier qui organise sa première rétrospective en 1968, s'inaugure une série d'hommages qui lui sont rendus par des musées et centres culturels. Nous citerons : Albi 1981, Dijon 1985, Bourges 1986 (Catalogues).

 

Musées : Paris National d'Art moderne et Art moderne de la Ville, Fonds national d'Art contemporain, Bibliothèque nationaleMontaubanCharlevillePoitiers – Bordeaux – Montpellier – AlbiMenton – Lyon – Arles – NarbonnePuteaux – Metz – Saint Etienne – Sète – Sables d'OlonneFontenay le ComteBaux de Provence – Aix en Provence – Dijon – Genève – Luxembourg – Princeton - Cincinnati.

 

André Bay : "Sarthou" Ed. Pierre Cailler Genève 1968.

Maurice Toesca : "Sarthou" Ed. Martet. Dif. Weber 1977.